Whiskyship 2006 et autres événements en Suisse
Les bateaux du Whisyship amarrés au port de Zürich. |
Plus de 7000 personnes étaient attendues lors de cette édition du whiskyship, pendant lequel plusieurs séminaires furent donnés (p. ex., Ardbeg par Anthony Burnet, Bowmore par Jamie MacKenzie et Bruichlladich par Jim McEwan). Quant à moi, j’ai pris part au séminaire d’Edradour présenté par Andrew Symington et celui de BenRiach par Billy Walker.
Lors de ce whiskyship, presque toutes les distilleries et les embouteilleurs indépendants étaient présent et représenter par leurs différents distributeurs. La très grande partie des whiskies était disponible à la dégustation (au verre). Les prix pour une mesure (1-2 cl) étaient raisonnables (en moyenne 2-5 CHF [1.5- 3 euros], jusqu’à 30 CHF (20 euros) pour un verre de Kinclaith 1969 de Duncan Taylor au stand du Stillman.
Séminaires :
Edradour et Signatory
Le séminaire était organisé par World of Whisky et présenté par Andrew Sygmington, le propriétaire de la distillerie d’Edradour et fondateur de Signatory, l’un des plus grand embouteilleur indépendant.
Andrew Sygmington en tenue de présentation.
|
La présentation était interactive, et ouverte, avec Andrew répondant à toutes les questions de façon directe et sans détours.
L’histoire de Signatory a commencé avec son premier achat d’un fût de Glenlivet de 1968, puis de son expansion, avant qu’Andrew ne décide de se porter acquéreur de la distillerie d’Edradour en 2002. C’est une des plus petite distillerie d’Ecosse, mais elle est loin d’être inactive. Cette année, un des bâtiments fut converti en un bar à whisky, où il est possible de déguster les produits de la distillerie et de Signatory. Il est apparemment bien fréquenté par les locaux. De plus, un « bottling hall » sera construit en 2007 sur l’actuel parking afin de mettre en bouteille le whisky Edradour et ceux de Signatory sur site. Avec 100'000 visiteurs, la boutique de la distillerie est trop petite et va voir sa surface doublé l’année prochaine.
L’un des soucis majeur d’Andrew pour sa distillerie l’année prochaine est le prix de l’orge. La récolte en Ecosse, ainsi que dans les autres pays producteurs, fut mauvaise et la quantité est insuffisante pour les besoins de cette industrie. Le prix de l’orge pour 2007 atteindra des sommets, avec un prix supérieur à £400 par tonne (pour comparaison : environ £210 par tonne pour 2006).
Depuis la semaine passée, un nouveau distillery manager, en partance de Springbank Distillery a pris ses fonctions à Edradour.
Edradour a lancer en Septembre 2006 sa « Discovery Serie » avec le Ballechin. Cette série est prévue pour durer jusqu’en 2014. Chaque série sera limitée à 6000 bouteilles par année. Parmi les premières séries, des maturations en first-fill bourbon, Bourgogne, Bordeaux, Porto, Sauternes et Oloroso sont prévus.
Du côté de Signatory, Andrew a consenti de gros efforts pour l’acquisition de fûts de Bowmore, Highland Park, Laphroaig, Dalmore, Ben Nevis et d’Aberlour.
Lors de ce séminaire les whiskies suivants furent servis:
Macallan Sherry Cask for Waldhaus am See, 16 YO, D:1990, 46%, Signatory: Un nez très sherry, avec beaucoup de caractère, forte présence du bois et un peu sec. Très bon rapport qualité/prix.
Bowmore 1970 for Waldhaus am See, 35 YO, 52.1%, Signatory. Un superbe whisky. Voire les notes de dégustation.
Inchgower 1980 sherry, 24 YO, 55.6%, Signatory, cask 14145: Au nez, ce whisky donne un aspect d’immaturité, avec une forte presence de sciure de bois. En bouche, il est complétement different, très doux, gras et beurré, avec une longue finale sur de la tourbe sèche et le sherry.
Edradour 1984 Pedro Ximenez finish, 22 YO, 48.2%, OB. Un whisky corpuleux, savoneux et terreux rendu encore plus massif par un affinage dans un fût de Pedro Ximinez relativement épais. Pour les amateurs de whiskies avec épais et avec du corps.
Edradour Chateau d‘Yquiem Finish 1985, 21 YO, 50.8%, OB. La douceur du Sauternes offer un contraste avec le caractère corpuleux d’Edradour. Un whisky difficile.
Ballechin Burgundy Finish, Discovery Series, 3YO, 46%, OB. Le Ballechin est le nouveau whisky très tourbé produit à la distillerie d’Edradour. L’orge utilisée a un taux de phénol de 50 ppm. Ce whisky est très tourbé, gras avec des odeurs maltées et de pain de seigle grillé au feu de tourbe. La maturité est remarquable, avec la maturation en fût de Bourgogne arrondissant certains traits de jeunesse. Il est plus léger que les autres Edradours dégustés lors de cette soirée. Il sera intéressant de le tester dans 2-3 ans.
North British Californian Sherry Cask, 14YO, 53.3%, Signatory, D: 1991.North British est une des plus grosse distillerie de grain d’Ecosse et les whiskies qui y sont produit sont legers en arômes. Par contre, le fût de sherry de Californie de premier remplissage contribue fortement au profil aromatique de cette bouteille. Ce whisky est relativement sec pour un whisky de grain, avec une influence boisée et râpeuse dominant trop le whisky à mon goût. Ce côté boisé me rappelle le Glenmorangie Truffle Oak. Vaut la peine d’être essayé.
Au stand Signatory/World of Whisky, après quelques achats, j’ai dégusté quelques autres whiskies:
Bunnahbhain 1997 Heavily peated, environ 59%, Signatory, advanced sample. Je n’ai eu qu’un petit échantillon, mais je l’ai trouvé excellent: trés tourbé, mais riche, subtile et complex pour son âge. Un whisky à suivre lorsqu’il sera mis en bouteille!
Benriach 1976 refill sherry, 29 YO, 54.6%, Signatory. Un superbe BenRiach combinant la douceur du sherry avec la douceur de la tourbe. Équilibré, complexe, c’est un whisky remarquable.
Ensuite de quoi, on m’a offert un verre de Miltonduff Sherry Cask from 1964, 42 YO, 45.1%, Signatory. Miltonduff fait partie de ces whiskies considérés de deuxième classe et lorsqu’on m’a donné l’échantillon, j’ai cru à un reste d’une bouteille bon marché. Après la première gorgée, j’ai réalisé mon erreur. C’est un superbe whisky, d’une rondeur et douceur impressionnante, plein de saveurs fruitées, complexe et sans défaut. Une grosse surprise !
Glenglassaugh wine treated puncheon, 1967, 38 YO, 59.3%, Signatory.
Avec Glenglassaugh, le meilleur cotoye le pire. Le Family Silver OB mise en bouteille il y a quelques années était excellent et la dernière version officielle, en 19 ans d’âge était quelque peu décevante. Cette version de Signatory est terreuse, herbassée et épicée, iodée et relativement vineuse. Vin blanc ou Moscatel ? Dans tous les cas, beaucoup de fraîcheur pour son âge.
Et pour finir la section Edradour/Signatory/World of Whisky, j’ai goûté le Glenfiddich 1973 Private Vintage Waldhaus am See, Sherry cask, 33 YO, 52.1%, OB. Le nez est très doux et aussi liquoreux qu’une liqueur de sherry. Fumé et terreux en bouche, avec une touche de tourbe, subtile, complexe et inhabituel. A re-testé dans de bonnes conditions.
A suivre …
Patrick B. ©05 Dec 2006