www.whisky-news.com, revue de l’année 2007 et perspectives pour 2008.
Lors de ces 12 derniers mois, le trafic de ce site web a augmenté de plusieurs fois, afin d’atteindre une audience mensuelle d’environ 5000-6000 visiteurs par mois, suggérant que le contenu de ce site web satisfasse la curiosité des amateurs de whisky et reflète l’intéressant croissant pour les single malt whiskies. L’année passée, le nombre de notes de dégustation a dépassé les 200, plusieurs reportages d’événements sur le whisky ont été publiés (Islay, Zurich, Lucerne, Paris, Speyside et Limburg), des profiles de distilleries ajoutés ainsi que plein d’autres informations.
Whisky-news.com restera indépendant et continuera à vous fournir des news, des reportages et encore plus de notes de dégustation en 2008 ! N’oubliez pas la section littérature, cas j’ai fait l’acquisition de nouveaux ouvrages et les comptes-rendus seront bientôt disponibles, y compris celui du superbe « Legend of Laphroaig » par Van Gills & Offringa.
Je vous souhaite plein de belles surprises pour 2008, tout en espérant que vous resterez fidèles à whisky-news.com.
Patrick
L’année 2007 et les perspectives pour 2008 :
L’orge :
En 2006, suites aux inondations, les récoles d’orges furent mauvaises. L’année 2007 ne fut pas meilleure, avec pour conséquence, une augmentation du prix de l’orge « verte » atteignant près de £300/tonne en fin 2007. Pour l’orge maltée (malted barley), le prix dépassait les £400/tonne à fin 2007 (2005 : environ £250/tonne).
En plus des mauvaises récoltes, la qualité était médiocre et le rendement en baisse, de fait plus d’orge était requise afin de produire les même quantités d’alcool. Espérons que le soleil brillera en 2008 !
Distilleries et production :
En dépit des problèmes avec l’orge, les distilleries ont pu êtres approvisionnées en suffisance afin de maintenir les volumes de 2006, et même, pour grand nombre de distilleries, de produire d’avantage !
Non seulement la production a augmentée, mais une nouvelle distillerie de malt à Givran a été construite (voir reportage Speyside) par Willam Grant & Sons. Diageo a commencé les travaux de construction de sa plus grande distillerie de malt à Roseile, Morayshire, ainsi que la rénovation de Cameronbridge afin d’augmenter sa capacité de production à plus de 100 mio LPA (litres d’alcool par année, voir le rapport Speyside pour plus de détails). Le premier coup de pioche a eu lieu à Port Charlotte pour la nouvelle distillerie de Port Charlotte pendant le Feis Ile whisky festival (voir rapport) et Ducan Taylor a reçu l’autorisation pour construire une nouvelle distillerie à Huntly. Récemment, des discussions avec des investisseurs russes sont en cours pour le rachat de Glenglassaugh. D’autres distilleries en sommeil (silent) sont en attente pour une potentielle révouverture, telles que Braeval (Braes of Glenlivet), qui pourrait reprendre du service en 2008, sur les traces de Tamnavulin, qui a repris du service en juillet 2007. Voyons ce que le futur nous réserve, mais n’espérez pas que des distilleries comme Brora reprennent du service. Malheureusement.
De plus en plus de whisky est produit chaque année, alors espérons que la demande continue de grandir pendant les 10 années à suivre. Sinon, l’industrie risque de se retrouver avec un nouveau whisky loch, avec les mêmes conséquences qu’au début des années 1980, où plus de 20 distilleries ont été fermées ou démolîtes. Un aspect positif de cet engouement est que les compagnies investissent d’avantage dans leurs outils de production que par le passé. Cela est particulièrement visible dans les distilleries du groupe Inverhouse (p. ex., Knockdhu et Balmenach). Je ne peux qu’encourager les autres distilleries à faire de même.
Go East ! Chine, Russie, Inde et Co.
Les résultats pour 2007 ne sont pas encore disponibles, mais à lire les rapports financiers des grands groupes de cette industrie, on peut déjà dire que les ventes de whisky ont atteint des sommets historiques, avec des ventes pour plus de £2 mia. Les acteurs principaux de cette croissance sont les pays de l’Est, principalement les pays de l’Europe de l’Est (Russie y compris), la Chine et le Sud-Est asiatique. Le marché indien est en progression, mais les taxes restent élevées afin de protéger l’industrie locale. La prise de Whyte et Mackay par Mallay n’a malheureusement pas amélioré la situation. Ces nouveaux clients sont intéressés par les single malt, mais d’avantage par les blends de luxe (Premiums et Super-Premium, tells que Chivas Royla Salute), avec pour conséquence de réduire drastiquement les stocks de vieux single malts.
Innovations ?
L’année 2006 fut riche en innovation, avec une forte tendance sur les whiskies jeunes et l’affinage (« finish »). En 2007, on a toujours de jeunes whiskies, mais l’âge moyen est à la hausse (5-6 ans à 6-7 ans), car les compagnies ayant lancé cette mode (p. ex. Arran, Bruichladdich et Ardbeg) ont désormais plus de stocks matures et que ces whiskies furent vendus jeune afin de générer des liquidités. L’affinage est toujours populaire, mais j’ai l’impression de la situation se normalise. A confirmer en 2008.
A mon avis, le changement majeur en 2007 fut le marketing et le packaging. Highland Park a finalisé le nouvel habit sur toute sa gamme, Chivas a donné un emballage chic à son nouveau Longmorn (et augmenté de façon significative son prix), les Bowmore sont désormais vendus dans des bouteilles plus chiques et Glenmorangie dans des bouteilles très glamour, juste pour citer quelques exemples.
Concernant les indépendants, la gamme « old malt cask » de Douglas Laing a reçu des étiquettes plus stylisées sur des bouteilles désormais transparentes, Duncan Taylor a sorti sa nouvelle gamme NC2, Compass box se lance dans les vatted grain whiskies et Single Malts of Scotland a augmenté considérablement son offre, avec entre autre, de très vieux whiskies (30-40 ans) à des prix « raisonnables ». Ardmore vient de lancer sa première mise en bouteille originale.
Internet, Ebay et les collectionneurs
Avec l’intérêt croissant pour les singles malts et le nombre accru d’amateurs de whiskies souhaitant déguster des vieux single malts, Internet est l’outil principal pour satisfaire ses désirs. Non seulement, tout le monde a accès aux magasins en ligne vendant des raretés, mais également aux sites de vente aux enchères en ligne, avec le plus fameux étant Ebay. Par conséquent, les prix des vieux flacons augmentent et atteignent désormais des sommes parfois considérables (plus de €500). Les systèmes comme Ebay permettent de vendre tout et n’importe quoi à n’importe qui, sans frontière (ou presque), et malheureusement, pas que des produits originaux. De faux Macallans sont en circulation depuis de nombreuses années, mais le nombre de contrefaçons, quelque soit la distillerie, est en augmentation constante, en particulier ces deux dernières années. Une guerre contre cette fraude fut initiée début 2008 par Serge Valentin (http://www.whiskyfun.com/war.html) et whisky-news.com supporte cette initiative depuis son début. Par ailleurs, un article sur ce sujet fut récemment publié sur ce site (voir reportage). Avec des bouteilles atteignant €500 et plus, les contrefacteurs peuvent gagner rapidement et facilement de l’argent, sans trop de risques, puisque la majorité de ces bouteilles vont se retrouver sur une armoire et ne pas être ouvertes. La qualité de certaines contrefaçons est parfois remarquable. Pour combattre ce trafic, évitez de vendre vos bouteilles vides, afin de ne pas les voir réapparaître pleines sur un site de ventes aux enchères. Avant de placer une mise ou de faire un achat, n’hésitez pas à vous renseigner, posez des questions au vendeur ou demandez des photos afin d’éviter une déception.
Pendant ces dernières années, la Scotch Whisky Association lutte contre les contrefaçons en Amérique latine, centrale et dans le Sud-Est asiatique, principalement pour les blends (p. ex., Johnnie Walker). Il serait désormais temps qui fassent des efforts pour protéger leurs Premium Single Malts également.
Prix
L’année passée, j’ai mentionné que les prix des single malts risquait probablement d’augmenter d’environ 20-30% pour fin 2006/début 2007.
Alors quant est-il ? Il semble que le prix des malts de base soit resté stable (à confirmer dans le rapport 2007 sur les prix du détails à paraître dans un peu plus d’1 mois sur ce site), mais dans le cas des (super) Premiums et pour les whiskies de 25 ans et plus, les prix ont explosé, avec pour exemple, le Dalmore 1973 Single cask vendu pour €599 (en 2006, une version comparable était vendue pour €198), le nouveau Laphroaig Sherry 1980 à plus de £5000, le set Ardbeg double barrel à £10'000 ou le nouveau Black Bowmore à £2200. Ce genre de produit ne s’adresse plus aux amateurs de whisky, mais aux riches clients plus à la recherche de produits exclusifs qu’au contenu lui-même.
Malheureusement, non seulement les prix ont augmenté pour les versions originales, mais également chez les embouteilleurs indépendants, avec pour exemple, Duncan Taylor et son Springbank 40 ans vendu à £750, Douglas Laing avec son Brora 1976 Platinum à £386 ou Signatory avec son Lochside 1966 à €470. Oui, le stock de vieux whiskies fond comme neige au soleil en raison de la demande de vieux malts pour satisfaire la demande de vieux Blends, ce qui signifie qze les prix vont continuer de grimper. Avec la raréfaction de ces vieux fûts et les grandes compagnies conservant leurs stocks pour elles-mêmes, il va devenir plus difficile aux indépendants de reformer leurs stocks et le tout, à des coûts plus élevés.
Avec l’augmentation de prix de l’orge, le rendement diminuant, le prix des fûts vides en hausse, la baisse des stocks de vieux malts et le prix du baril de pétrole dépassant les $100, cela ne s’annonce pas bon pour le consommateur. En effet, tout cela a un impact négatif sur le prix de la bouteille de whisky. Est-ce que cela justifie les £158 du nouveau Glenmorangie 25 ans (25 ans Malaga wood : £110 en 2006) ou l’augmentation de prix du Bowmore 25 ans de £135 (2006) à £175 (2007, nouvel embouteillage) ? Non, car si l’on regarde le prix d’une bouteille d’un whisky de 10 ans, le whisky représente moins de £2. Même si le prix des ingrédients de base double, le prix de la bouteille ne devrait pas augmenter de plus de £2 (€3 euros). Les facteurs mentionnés plus haut sont une bonne excuse pour les compagnies afin d’augmenter leurs marges et compenser les coûts liés au Marketing (ces mêmes gens qui nous vendent de vieux Bowmore servis dans un verrre «Tumbler » avec des glaçons).
Japon
Le Japon n’est pas seulement un grand consommateur de Scotch whisky (en bouteille et en vrac), mais produit également d’excellents whiskies. L’intérêt des single malts en provenance du Japon est grandissant en Europe. Poussés par le prix des Scotch Single Malts en hausse, certains amateurs de whisky vont se tourner vers d’autres alternatives, et le Japon risque de retenir leur attention. L’année passée, j’ai eu l’occasion de déguster un grand nombre de whisky du pays du soleil levant, et je fus positivement surpris par leur qualité. La plupart des produits furent d’excellente qualité et à des prix corrects. Les whiskies japonais ne vont pas remplacer ceux d’Ecosse, mais ils ont le potentiel de les concurrencer. Du whisky est désormais produit dans de nombreux pays et attendons de voir ce que ces nouveaux produits nous réservent.
Perspectives pour 2008
Avec la demande et l’intérêt des single malts et blends, la tendance des prix sera à la hausse et d’avantages de super Premiums whiskies seront lancés (à quand des bouteilles serties d’or et de diamants ?), les distillateurs seront très occupés et pousseront certainement leurs distilleries au maximum de leurs capacités, les embouteilleurs indépendants devront se battre pour remplir leurs stocks et de nouvelles distilleries en sommeil seront rappelés à la vie. 2008 risque d’être une année for intéressante et je me réjouis de découvrir les nouveaux produits à venir.
Slainthe
Patrick
P. Brossard ©27 Jan 2008