Le whisky japonais
Le whisky japonais fit parler de lui pour la première fois en 2001 lorsqu’un Yoichi 10 ans single cask remporta le titre de meilleur whisky (Best of the Best) par Whisky Magazine en 2001. Le vrai démarrage fut en 2007 avec le Yamazaki 1984 qui remporta les Malts Maniac Awards et le Yoichi 20 ans 1987 gagnant les World Whisky Awards. Malgré ces succès, les whiskies Japonais ont eu besoin de plus de temps pour être largement accepté par les amateurs de whiskies du monde entier
la distillerie de Yoichi sur Hokkaido |
Mon expérience personnelle avec les single malts et blends Japonais
Ma première rencontre sérieuse avec les whiskies du soleil levant fut en 2007 pendant le Whisky Live Paris, où j’ai eu l’occasion de déguster plusieurs produits de Nikka, dont des futs uniques de Yoichi et Myagiko, et le Hibiki 30 ans de Suntory. Mon premier Karuizawa, le 1971 fut dégusté l’année suivante lors du Whisky Fair à Limburg. Depuis lors, j’ai dégusté un certain nombre de whiskies japonais, dont j’apprécie la douceur, rondeur, complexité et diversité. Finalement, j’ai fait plus intime connaissance avec le produit lors de visites de distillerie en 2015 au Japon (Yoichi, Yamazaki, Hakushu et Fuji-Gotemba), ce qui m’a permis de mieux comprendre le processus de leur élaboration.
Depuis le début de sa fondation, la production des whiskies a progressé et évolué (distillerie deYamazaki dans les années 1920, en haut, et en 2015, photo du bas) |
Les whiskies japonais en Europe
Les single malts japonais sont restés confidentiels en Europe pour de nombreuses années, avant de recevoir un intérêt croissant lors de ces 2-3 dernières années, suite a l’accumulation de récompenses et médailles, mais surtout à d’avantage d’amateurs de whiskies dégustant ces whiskies. Le travail des pionniers comme La Maison du Whisky ou Number One Drinks company n’y est pas étranger.
L’attrait pour les whiskies japonais est tel que depuis plusieurs mois, trouver des whiskies japonais devient très difficile, avec les versions âgées ou single casks épuisés dans la majorité des magasins, non seulement au Japon, mais également dans le reste du monde.
Les producteurs de whisky japonais ne s’attendaient pas un tel succès à l’exportation.
Lors des derniers International Sprits Awards, Kirin, Suntory et Nikka ont récoltés 32 médailles, dont 14 d'or. |
Et le succès à la maison également
Avec la mode du Highballs (whisky mélangé avec de l’eau gazeuse et de la glace) depuis environ 2010 au Japon, la quantité de whisky disponible s’est réduite. Avec la diffusion entre 2014 et 2015 de la série TV « Massan » , qui retrace la vie de Masataka Taketsuru, le fondateur du whisky moderne au japon sur la chaine nationale NHK, cela a déclenché un intérêt sans précédent pour le whisky au Japon. Cela a suscité également les japonais de dégusté des versions plus haut de gamme que les traditionnels whiskies vendus en supermarché pour environ 10 euros.
Suntory a partiellement anticipé ce succès par augmenté progressivement le prix de ses whiskies, ainsi que la récente introduction de versions sans notion d’âge, tels que les Distiller’s Reserve et plus récemment par le Hibiki Harmony.
Les stocks de whisky âgé de Suntory sont très bas, avec les versions âgées épuisées dans tous les magasins que j’ai visité au japon cette année et disponible en quantités très limitées (par allocation) en Europe ces 2 dernières années.
Nikka a réagi cette année par distribuer leurs whiskies par allocation. Cela n’est pas suffisant et au début de mai, ils ont annoncé la suppression de leurs whiskies avec mention d’âge (e.g., Yoichi et Miagikyo 10, 12, 15 and 20 YO, Takesturu 17 YO). Cela ne vas pas durer très longtemps avant qu’ils soient tous épuisés.
Introduit il y a quelques mois pour remplacer les singles casks à la distillerie, la version 1980s de la série décade est épuisé depuis avril à la distillerie |
La décennie perdue
La décennie perdue: la bourse japonaise a fortement reculé depuis le début des années 1990 pendant presque 20 ans (http://www.minyanville.com/) |
Les whiskies japonais ont subit une crise dans les années 1990 pendant la décennie perdue (Lost Decade), lors de l’effondrement de l’économie japonaise, suivi d’une deuxième décennie morose lors du début du millénium. Pendant cette période, les whiskies japonais étaient presque exclusivement vendus au japon et furent fortement affectés par cette situation économique, ce qui obligea les producteurs à déduire leur production. La reprise lors de cette dernière décennie étant plus importante que prévue associé avec des niveaux de stocks bas suggère que la pénurie de whiskies japonais va certainement perdurer pour la décennie à suivre.
La fabrication du whisky au Japon
En Ecosse, les blends sont élaborés en mélangeant des futs de whisky en provenant de différentes distilleries. Cette pratique n’a pas cours au Japon, où chaque producteur conserve soigneusement sa production pour lui, et n’échange pas de fûts avec ses compétiteurs. Afin de générer différents types d’arômes, les producteurs génèrent une variété de whiskies en utilisant différents types de fûts (bourbon, sherry, virgin oak (Nikka), mizunara (Suntory), ainsi que des futs ayant préalablement contenus du vin ou d’autres d’alcools), différents type d’orge (pas, modérément ou très tourbée), d’alambiques (Coffey, colonne, a repasse, ou doubler, voir mes précédents rapports 1 et 2), et très important, divers types de levures. Une caractéristique partagée par de nombreux whiskies japonais est leur douceur et équilibre. D’après plusieurs producteurs, la longue fermentation et divers types de levure sont la raison de leurs douceurs.
Une vue des différents alambiques pour la distillation de grain à la distillerie de Fuji-Gotemba, avec les alambiques à distillation continue au fond, les alambiques à long cout (à gauche) et le doubler/kettle caché. Les alambiques à repasse se trouvent dans une salle adjacente. |
Trop cher ?
Les amateurs de whisky se plaignent souvent des prix élevés des single malts japonais. Est-ce que ces prix sont justifiés ?
Je ne souhaite pas trop disserter sur ce point, mais considérant la qualité de leurs produits, les prix sont un reflet du soin apporté par leurs producteurs dans l’élaboration de leurs produits, ainsi que l’utilisation de futs onéreux (chêne européen ou japonais), ainsi que le prix élevé de l’énergie au Japon. De plus, par comparaison, le Yamzaki 18 ans est vendu à un prix proche du Macallan 18 ans.
At 27,000 Yens (about 240 euros) at Hakushu distillery, the Yamazki is not cheap, but sold out almost everywhere. Whisky enthusiast are ready to pay for a high quality product. A 27,000 yens (environ 240 euros) à la distillerie d'Hakushu, le Yamazaki 18 ans n'est pas bon marché, mais épuisé presque partout. Les amateurs de whisky sont prêts à payé pour des produits de qualité. |
Faites votre choix et n’hésitez pas de déguster les whiskies japonais.
Slainte,
Patrick