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Voyage whisky au Japon

Pour la gallerie photo, cliquez ici

Partie 1: Himeji, Hakushu et Fuji-Gotemba (pour la Partie 2, cliquez ici)

Jusqu’à la dernière minute, je ne savais pas si je pouvais partir au Japon, mais finalement la confirmation est arrivée le jeudi et le vendredi j’étais à l’aéroport pour le départ.  Pensant que le bon pour le JR Japan Pass était délivré par e-mail,  je me suis rendu-compte le jeudi après midi que ce bon (qui permets de voyager à volonté pour un prix forfaitaire sur l’ensemble des trains du réseau JR à l’exception des versions les plus rapides du « bullet » train shinkansen, les Nozomi et Mizuho) ne pouvait pas être délivré par e-mail mais devait être délivré physiquement.  Heureusement, j’ai réussi à me faire livrer ce fameux document à l’aéroport juste avant mon embarquement. Oufff !

Jour 1 (au Japon)

Après un vol sans encombre, sauf un système de divertissement hors d’usage pendant l’intégralité du vol, je suis sorti de l’avion à 8.01, franchi la douane à 08.26, avant de me rendre au bureau JR Easter Railway, pour convertir mon bon en un titre de transport valide. La queue y était longue, mais à 09.11, j’avais finalement mon document en main, avant de me précipiter vers le quai et sauter dans le train de 09.15.
En route pour la gare de Tokyo, j’ai pu apprécié les nombreux arbres en fleurs. Lors de mon précédent déplacement entre Tokyo et Narita, j’avais emprunté les bus navettes, mais le confort et la vue depuis le train est nettement plus agréable. A Tokyo, j’ai embarqué le shinkansen pour  un trajet d’environ 3h30 en direction de Himeji. J’ai pris le TGV à plusieurs reprises, mais la vitesse du shinkansen est impressionnante, en particulier en zones urbaines.

Les cerisiers en fleurs à Himeji et le château en arrière-fond.

Après mon arrivée en milieu d’après midi et la dépose de mes bagages à mon hôtel,  je me suis rendu sur la plaine du château, pour y découvrir que la fête de la floraison (« blossom ») venait de s’y achever. La vue des arbres en fleurs autour du château était impressionnante. Malheureusement, il était trop tard pour sa visite, mais j’en ai profité pour faire son tour et ensuite de visiter le petit Zoo où les animaux se trouvaient dans des cages aux dimensions « japonaises ».

A mon retour, j’ai fait une visite au bureau d’information pour y poser quelques questions. Les réponses reçues étaient « inattendues » :

Moi : Savez-vous où je peux manger du bœuf de Kobé ?
Elle : C’est très difficile d’en obtenir ici. Il faut se rendre à Kobé

Moi : Est-ce que vous savez où il y a 1 magasin de whisky ou de spiritueux ?
Elle : A Asahi (autre ville), il a une brasserie. Vous pouvez essayer la-bas.

Moi : Ou est la poste et quelles sont les heures d’ouverture ?
Elle : Vous voulez faire quoi à la poste ?
Moi : ??? Envoyé un document.
Elle : Elle me montre l’endroit de la poste sur la carte (correct). C’est la poste principale. Elle est ouverte 24h.
Moi : Perplexe, je la remercie et je pars. Comme attendu, lorsque j’arrive à la poste à 20h, elle est fermée depuis plusieurs heures…

Finalement, avec l’aide du personnel de l’hôtel, j’ai obtenu l’adresse d’un restaurant servant du bœuf de Kobé. Le bœuf de Kobé est considéré comme le meilleur bœuf du monde. Il est produit vers la ville de Kobé, à côté d’Himeji. Le bœuf y est caressé avec soin et soumis au minimum de stress possible, afin d’avoir la viande la plus tendre possible. Senju était un restaurant traditionnel japonais. Le menu était composé de deux entrées, d’une viande (entrecôte de bœuf de Kobé), dessert et thé (thé vert et matcha). Je n’ai que peu de comparaison, mas le repas était excellent, avec le meilleur thé vert que j’ai dégusté. La viande était exceptionnellement tendre. On pourrait presque la coupée avec les baguettes. La texture est par contre très différente de la viande qu’on a en Europe. La viande est presque blanche (extrêmement grasse), avec très peu de fibre rouge. Peut-être pas la viande la plus diététique, mais une expérience à faire au moins une fois dans sa vie. Si voue êtes à Himeji et vous souhaitez faire vous faire plaisir, n’hésitez pas à y aller dans ce restaurant.

Repas dans un restaurant traditionel à Himeji et le fameux boeuf de Kobe.

Day 2 :
Le château d’Himeji venait de fêter sa réouverture le 25 mars après 6 ans de travaux et 2.4mia (environ 200mio d’euros) d’investissements. En raison d’une forte affluence attendue, les portes s’ouvraient 1 heure plus tôt, ce que m’a laissé le temps de visiter l’intégralité du château. Note : Si jamais vous souhaiter visiter ce château placé au patrimoine mondial de l’UNESCO, essayer d’être là 30 min avant l’ouverture, afin d’accéder sans problème au donjon, dont l’accès est restreint.  Lors de ma visite du mur d’enceinte ouest, une volontaire japonaise parlant relativement anglais  m’a prise sous mon aile et expliquée l’histoire et le développement du château au cours du temps, ainsi que de nombreuses anecdotes.  Sous le signe la famille Honda, le château était à son apôgé, Le seigneur ayant épousée la fille du shogun, il recevait une dote annuelle de près de 500 mio d’euros. Le château couvrant s’étendait alors jusqu’à la gare, situé à 15-20 min à pied de l’enceinte du château. Entre 4000 et 5000 soldats y séjournaient. Le surnom de ce château est le « château chanceux », car il a évité la destruction lors des réformes des gouvernements successifs qui limitaient le nombre de château à 1 par province, ni par les bombardement de la Deuxième Guerre mondiale qui avaient pratiquement rasés la ville d’Himeji.

Quelques vues du chateau d'Himeji

Sur ce, il était de partir pour un voyage de plus de 5 heures en direction de Kobuchizawa situé au pied des alpes Minamis , du mont Yastugate (et également proche du mont Fuji) et de la distillerie d’Hakushu.

Le train de Nagoya à Shiojiri suit un magnifique tracé montagneux et le cour d’une large rivière.  Malgré le retard du train, la correspondance pour Kobuchizawa fut assurée.  Ouff. Afin de me rendre à l’hotel Kobuchizawa Art & Spa resort, le déplacement en taxi était nécessaire. L’hotel  Atelier était fraichement rénové. Il s’agit d’un hôtel simple, mais confortable et avec une source d’eau chaude. Rien de tel avant une bonne nuit de repos. Un autre hotel 5 étoiles avec  6 chambres est en cours de construction. Aussi surprenant qu’il soit, un musée privé de Keith Haring se trouve également dans cette zone.

Jour 3 :
Le personnel de l’hôtel me dépose gentiment à la gare, afin de réduire la distance en taxi. Le voyage de la gare de Kobuchizawa à la distillerie prend environ 10 minutes (prix : 2000-2600 yens).

Arrivé à la distillerie, j’ai commencé par la visite du « water plant », la nouvelle usine d’embouteillage d’eau minérale (bouteilles de 2 L) de Suntory située sur le même site que la distillerie. Le film sur la production des bouteilles d’eau minérale était instructif. Malheureusement, je n’ai pu voir que la partie d’étiquetage des bouteilles, vue qui était néanmoins impressionnante dans cette usine construite en 2010.  Après la visite, nous avons pu déguster l’eau minérale ainsi qu’une excellent eau minérale à l’arôme d’orange.

Le centre d'accueil vers le parking de la distilleries
Le musée Suntory à la distillerie d'Hakushu
Une vue du musée

Disposant de 10 min avant la visite de la distillerie, j’en ai profité pour faire un première visite rapide du musée, qui contient entre autre des archives photographiques et vidéo de la distillerie de Yamazaki.
Le tour commença par une brève vidéo, avant que l’on se rende dans la distillerie, où une brève description sur la production de whisky fut donnée. La visite fut relativement rapide dans la zone de production (mash tun, washbacks et une vue de la salle des alambiques). Ensuite, un bus nous conduisit jusqu’à un chais. Le chais était impressionnant par sa taille. Une cathédrale pourrait y être logée. L’odeur du whisky y était presque étouffante. Le système de manipulation des fûts est automatique. Les 15 dernières minutes étaient consacrées à la dégustation, qui comprenait un Hakushu Highball (« half-rock »). Une boisson surprenamment rafraichissante qui augmente l’intensité et la fraicheur des notes de poire du whisky Hakushu. On a presque l’impression de boire un cidre à base de poire.

Le mash tun
Les washbacks en bois
Vue de la salle des alambiques à la distillerie d'Hakushu

Une dégustation contenant le Haksushu 12 et 18 ans, le Yamzaki 12 and 18 ans et l’Hibiki 12 et 17 ans s’ensuivit.

Comme à la distillerie de Yamazaki, vous pouvez commander des échantillons de whiskies Suntory de 15 ml pour un certain prix (entre 100 yens et 2,900 yens pour les Yamazaki et Hakushu 25 ans). Disposant de passablement de temps, j’en ai profité pour commander des Yamazakis et Hakushus pour faire l’ensemble de la gamme (NAS à 25 ans, y compris des « Distillery only »), ainsi que le nouveau  Hibiki Harmony ou le single grain chita.

Vue à l'intéreur d'un chais: la profondeur et hauteur sont impressionantes.
Une maquette du système de remplissage des fûts
Vue des silos depuis la tour d'obervation du musée
Vue des environs depuis la tour d'obervation du musée

J’ai procédé à un microtasting à la distillerie et l’ensemble de la gamme Suntory sera revu en détails et dans des conditions standard plus tard. Lors de mon passage en caisse, on m’a demandé de patienter et j’ai eu l’agréable surprise d’apprendre que les whiskies commandés furent pris en charge par la compagnie. Merci Suntory !

Avant de repartir, un arrêt au « Barrel Shop », la boutique de la distillerie, s’imposait, ainsi que la continuation de la visite du musée. Le musée était bien construit, de façon instructive et tout en haut, se trouve une « tour » d’observation qui permet une vue à 360° des environs de la distillerie.

Je n’ai pas vu passé mes 4h30 de présence  à la distillerie, dont j’ai fortement apprécié sa visite.  Après quoi, un long trajet jusqu’à Gotenda s’ensuivit et non, sans complication. Pour me rendre à Gotenda qui se trouve à environ 1h de route de Kobuchizawa, mon déplacement en transport public me força à passer par Tokyo (Shinjuku). Malgré mes préparations et mon plan, j’ai fait des aller-retours vers la gare routière de Shinjuku, car chaque fois que je demandais une confirmation, on m’envoyais dans une direction opposée. Après 20 min, j’ai accosté un canadien  habitant à Tokyo qui m’a très gentiment accompagné  pendant 30 min jusqu’à ce qu’on trouve le bon arrêt de bus !

Finalement, je suis arrivé à la station de bus de Gotenda environ 40 min plus tard, pour découvrir que la gare routière de Gotenda était perdue au milieu de nulle part.  Heureusement, un hôtel se trouvait pas trop loin de là, afin d’y commander un taxi.  C’est avec un grand soulagement que 10 min plus tard que ma destination finale fut atteinte. L’Hotel Mt Fuji green se trouvait aux abords immédiats de la distillerie. Un Hotel correct en pleine nature, au prix très correct (5000 yens avec petit-déjeuner).

Jour 4 :
Arrivé à la distillerie le matin vers 10.15, je fuis accueilli par un blender de Kirin, Takehiko Hiura.

Le complexe Kirin Fuji-Gotenda est de taille impressionnante. En plus de la distillerie et de ses 5 chais d’une capacité de 40'000 fûts chacun, se trouve un site de production de cocktails, ainsi qu’une unité de mise en bouteille d’eau minérale. Au total, 200 personnes y travaillent. Pour la distillerie,  3 hommes travaillent par équipe. La capacité de production ne fut pas mentionnée pour des raisons de confidentialité.

Vue depuis l'entrée de la distillerie de Fuji-Gotemda
Les washbacks en acier
A l'intérieur de la première salle des alambiques, avec le spirit still à droite et deux alambiques pour le sochu au fond.
Le mash tun
La seconde partie de la salle des alambiques. Alambiques à distillation continue au fond et les alambiques à long cou sur la gauche.

La visite commença par une excellente présentation vidéo de 10 minutes, commençant par les flocons de neige sur déposant sur le mont Fuji, qui génèrent l’eau nécessaire à la distillation jusqu’à la maturation du produit final en fût.  La visite s’est ensuite poursuivie par une visite des alambiques en acier inoxydable pour la fermentation du Wash, soit du grain ou du malt. Les washbacks sont utilisés pour la production de single malt et single grain, en fonction des besoins. La salle des alambique est typique des années 1970 et sa disposition est des plus déconcertantes. En effet, deux wash stills  et 1 spirit still  sont présents, ainsi que 2 alambiques pour Sochu (inutilisés) et le réservoir à levure.  Depuis que le deuxième spirit still fut supprimé, 1 seul wash still est utilisé. Une épaisse porte donne accès à la deuxième partie de la salle d’alambique où se trouve une autre combinaison surprenante d’alambique. A Fuji-Gotemba, 3 types de whiskies de grain sont produits :

  1. « bourbon style » avec un alambique à distillation continue suivi par une seconde distillation dans un kettle/doubler, comme certaines distilleries du Kentucky.
  2. « long neck  stills » pour un whisky plus léger, avec une deuxième distillation dans une série de pot stills à long cou
  3. « continuous  stills » pour une distillation en continue, comme pour le whisky de grain en Ecosse.

Au Japon, l’échange de fûts entre compagnies n’existe pas. Afin de générer le maximum de variété, Fuji-Gotemba produit 4 types de whiskies de malt en utilisant une combinaison de 2 malts (un non-tourbé et un tourbé à 3 ppm) et 2 types de levure.  Le niveau de 3 ppm est considéré comme le niveau maximum de tourbe pour la majorité des consommateurs japonais.
La maturation du whisky prend place exclusivement dans des fûts de bourbon. Afin d’augmenter leur palette aromatique, Kirin travaille sur différentes options, mais shhh !

Le site de désengorgement des fûts
A l'intérieur d'un chais avec le convoyeur de fûts.
Vue des différents whiskies produts à la distillerie Kirin Fuji-Gotemda
Vidéo avec le chargement automatique des futs.

 

La raison pour une utilisation exclusive des fûts de bourbon est dû l’automatisation de la gestion des fûts, qui requiert le minimum de travail humain. Ces fûts proviennent principalement de la distillerie 4 Roses, qui est propriété de Kirin.

Pour la maturation du whisky de malt,  les fûts sont remplis à 50%. Ce bas volume était considéré comme le volume offrant la maturation optimale d’après des études conduites par Seagram. Après 10 ans d’âge, le volume descend à 45%. Ce niveau bas complique le travail des blenders pour produire des whiskies plus âgés. Pour le whisky de grain, le whisky est réduit à 62.5% avant remplissage.

Après la visite du chais, j’ai eu l’occasion de déguster l’intégralité de la gamme, y compris les derniers smalls batchs et produits en vente exclusivement à la distillerie.
Le  premier whisky dégusté fut le Kirin 50°, un blend extrêmement doux, mais copulant. Vendu  pour moins de 1000 yens  (environ 7-8 euros) au Japon la bouteille de 600 ml, c’est une bonne affaire. Le Robert Bown est un blend de style  écosssais, floral, légèrement épicé et tourbé.

Les Blender’s Choice Single Grain et Single malt, ainsi que les Single Malt 17 YO Small batch et Single Grain 25 YO Small batch sont des produits exclusifs pour la distillerie.

Concernant la distillerie de Karuizawa, Mr Hiura m’a informé que la décision de fermée la distillerie fut prise par Mercian. Lors du rachat de cette compagnie par Kirin, il était trop tard. Bonne nouvelle, les alambiques vont recommencer une deuxième vie dans une nouvelle distillerie.

Partie 2